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L’industrie brassicole aujourd’hui

L’industrie brassicole aujourd’hui

J’ai la grande chance que Monsieur Gourinel, grand connaisseur et passionné de bières réponde avec beaucoup de gentillesse à mes nombreuses questions.
Il a testé et noté des centaines de bières en faisant des fiches sur chacune d’elle, française ou étrangère.
Vous pouvez vous informer plus amplement en allant sur son site sur la bière en cliquant ICI. Son travail est un véritable petit bijou que je vous invite à découvrir.
Aujourd’hui il nous explique l’évolution de l’industrie brassicole, je lui laisse la parole :

Au Moyen-âge, on brassait  la bière de table dans les foyers (activité essentiellement dévolue aux femmes) comme dans des brasseries ayant pignon sur rue et les monastères (où la bière vendue aux pèlerins de passage constituait une source de revenus, en plus d’être la boisson des moines).
Le révolution industrielle et la demande en bières de qualité constante (ce qui n’était jusque là pas gagné) ont favorisé l’émergence de grandes brasseries industrielles aux processus rigoureux et contrôlés.
Les deux guerres mondiales, qui ont vu la réquisition du cuivre des cuves de brassage et des chaudières ont provoqué la fermeture de nombre de petites brasseries, et le capitalisme galopant, par le jeu des rachats et des fermetures, a condamné celles qui restaient.
Si l’Allemagne conserve un grand nombre de brasserie, C’est la catastrophe en Belgique et en France.
Des quelques milliers de brasseries du début du XIXe siècle n’en survivent que quelques dizaines dans la 2e moitié du XXe siècle.
L’Angleterre s’en sort un peu mieux, mais n’échappe pas à la révolution industrielle.
L’essentiel de la production est passée aux mains de grands groupes tels AmBev (conglomérat Belgo-sud américain), Heineken (Pays-bas) ou le danois Carlsberg (qui possède entre autre le français Kronenbourg).
Ces groupes se concentrent sur la fabrication de bières de soif industrielles ayant à peu près toutes le même profil.
La bière de dégustation semblait condamnée quand, lassés de la standardisation d’un goût trop fade et sans intérêts, quelques brasseurs, soutenus par des associations de consommateurs, ont initié dans les années 80 ce qui est devenu aujourd’hui un véritable « boom » de la brasserie artisanale.
La France compte à nouveau plus de 500 brasseries, l’Angleterre plus de 1000.
La surprenante Italie s’est jointe au mouvement et dépasse 600 brasseries, dont beaucoup produisent des bières formidables.
Les États-Unis ne sont pas en reste et les brasseries artisanales y fleurissent : plus de 2500 au dernier recensement ! Des styles éteints, ou en voie d’extinction, ont connu un nouveau départ.
Résultat : les grands groupes relancent à leur tour les bières de dégustation qui, dans le marasme actuel, constituent le segment en plus forte progression.
Voilà à quoi l’on doit la grande diversité des styles et des bières que l’on peu goûter aujourd’hui.

En illustration une publicité ancienne pour la bière dans le style de Mucha et de l’Art nouveau (1900)  que j’ai trouvée chez « Biérocratie » une cave spécialisée dans les bières artisanales et située au 32 rue de l’Espérance à Paris dans le 13e.